Correspondance de Voltaire/1771/Lettre 8435

Correspondance de Voltaire/1771
Correspondance : année 1771GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 568).
8135. — DE CATHERINE II[1],
impératrice de russie.
3-14 décembre 1771.

Monsieur, je viens de recevoir votre lettre du 18 novembre. Le comte Orlof est de retour de Moscou depuis trois jours. Grâce aux arrangements qu’il a pris le 28 novembre (9 décembre) il n’y avait déjà plus que deux personnes de mortes, dans la ville, de cette contagion dont vos pays méridionaux ont si grand effroi, et avec raison. Mais il y avait encore des malades, dont cependant plus de deux tiers, au dire des médecins, échapperont à la mort.

Je vous enverrai incessamment des noix de cèdre de Sibérie ; j’ai fait écrire au gouverneur de m’en envoyer de toutes fraîches. Vous les aurez vers le printemps.

Les contes de l’abbé Chappe ne méritent guère de croyance. Je ne l’ai jamais vu ; et cependant il prétend dans son livre, dit-on, avoir mesuré des bouts de bougie dans ma chambre, où il n’a jamais mis le pied. Ceci est un fait non douteux.

Votre lettre me tire d’inquiétude au sujet de l’argent pour les montres, puisque enfin il est arrivé. Pour ce qui regarde le commerce des montres à la Chine, je crois qu’il ne serait pas impossible d’y parvenir en s’adressant à quelque comptoir d’ici, où il y a des Genevois qui trouveront bien le moyen de faire arriver ces montres à la frontière de la Chine.

Les tableaux que j’avais fait acheter en Hollande, de la collection de Braamcamp, ont péri sur les côtes de Finlande. Il faudra s’en passer. J’ai eu du guignon cette année en pareil cas ; que faire ? il n’y a d’autre ressource que de s’en consoler.

Je vous ai mandé les nouvelles que j’ai de mes armées de terre et de mer : il ne me reste donc pour aujourd’hui qu’à vous renouveler tous les sentiments que vous me connaissez.

  1. Collection de Documents, Mémoires et Correspondances, etc., publiée par la Société impériale de l’histoire de Russie, tome XV, page 198.