Correspondance de Voltaire/1771/Lettre 8428

Correspondance de Voltaire/1771
Correspondance : année 1771GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 563).
8428. — À M. ***[1].
À Ferney, 6 décembre.

Il serait triste pour moi, monsieur, de mourir sans voir celui à qui j’ai obligation ; mais, en attendant que je puisse jouir d’un si cher avantage, je dois vous dire que la saisie de mon bien, qui était entre les mains de M. Magon[2], me jette aujourd’hui dans un embarras inexprimable.

J’ai établi une colonie qui fait un commerce utile à l’État. Cette colonie va périr, si je ne lui donne de nouveaux secours. Pouvez-vous avoir la bonté de me faire vendre cent mille francs de contrats ? Je ne disputerai pas sur le prix, et je regarderai cette grâce que vous me ferez comme la plus grande faveur.

Voilà où l’opération de M. l’abbé Terray m’a réduit. Si je ne puis parvenir à vendre mes contrats, votre amitié seule me console ; si je puis les vendre, j’aurai le bonheur d’être utile à l’État, autant que le peut comporter ma petite sphère. Mon plus grand bonheur est d’avoir trouvé un ami tel que vous. J’ai l’honneur d’être, avec la plus sensible reconnaissance, monsieur, etc.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Banquier du roi.