Correspondance de Voltaire/1771/Lettre 8255

Correspondance : année 1771GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 401).
8255. — DE MADAME LA MARQUISE DU DEFFANT.[1]
25 mars 1771.

J’étais étonnée de ne point avoir de vos nouvelles, et j’allais vous en demander la raison quand j’ai reçu votre lettre du 16. Vous êtes donc mon confrère en aveuglement ?

Vous verrez incessamment tous les discours ; il y en eut un de M. Duclos, qui est ineffable ; c’est dommage qu’il ne soit pas imprimé, il ne s’en est jamais, je crois, prononcé en public de ce genre. En qualité d’historiographe, il fit l’histoire de l’Académie ; il voulut être aussi plaisant et aussi épigrammatique que l’abbé de Voisenon[2], mais ce fut l’âne qui imitait le petit chien ; il en rappela parfaitement la fable, ce qui tint lieu de celle de M. de Nivernois, qui, contre son ordinaire, n’en récita point.

Voilà les nouvelles que vous aurez de moi ; pour les autres, je ne les apprends que dans les gazettes ; on n’est pas assez pressé de les savoir pour qu’on ne puisse pas les attendre quatre ou cinq jours.

Quand vos neiges fondront, votre vue reviendra ; il n’en est pas ainsi de moi.

Adieu, mon cher Voltaire ; mettez-moi au fait de ce que je dois croire et de ce que je dois nier ou affirmer en sûreté de conscience.

  1. Correspondance complète, édition de Lescure, 1865.
  2. C’est à l’abbé de Voisenon, se plaignant à quelques-uns des académiciens ses collègues que le public lui prêtait des ridicules, que d’Alembert répondit : « Monsieur l’abbé, on ne prête qu’aux riches. »