Correspondance de Voltaire/1770/Lettre 8142

Correspondance : année 1770GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 302).
8142. — À M. LE COMTE DE FOY.
À Ferney, 24 décembre.

Je réponds fort tard, monsieur, à la lettre dont vous m’avez honoré, du 1er décembre : je ne l’ai reçue que le 15. J’ai soixante-dix-sept ans ; je suis très-malade : ce sont là des raisons pour n’être pas fort exact.

D’ailleurs, madame votre femme ayant des lettres de M. François de Sales ferait peut-être des signes de croix en voyant une lettre de François de Voltaire. Cela pourrait mettre du trouble dans votre ménage, et j’en serais très-affligé.

Je vois avec douleur que toutes les personnes dont vous me parlez sont mortes ; car, sans compter Mme de Chantal et son saint[1], nous avons perdu Mme de Pompadour, Mme la duchesse de Gotha, et Mme de Buchwald[2].

Si M. de Pezay, qui répand tant de fleurs dans ses vers, veut une place à l’Académie, je lui offre la mienne, qui sera bientôt vacante, et qui ne vaut pas celle qu’il a dans l’état-major. Au reste, monsieur, je suis très-sensible à l’honneur que vous me faites ; mais ce sont des gouttes d’Angleterre que vous envoyez à un apoplectique. Jouissez gaiement de la vie ; c’est tout ce que vous peut dire un homme qui est près de la perdre, et qui ne la regrette pas beaucoup.

  1. François de Sales.
  2. À qui est adressée la lettre 2559, tome XXXVIII, page 27.