Correspondance de Voltaire/1770/Lettre 8111

Correspondance : année 1770GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 273-274).
8111. — À M. RIBOTTE[1].
5 décembre 1770, à Ferney.

La personne à qui M. Ribotte a écrit est très-sensible à son souvenir ; elle écrit très-rarement, étant presque toujours très-malade. On a été très-affligé de la mort de l’homme du monde le plus serviable et le plus utile[2]. Il y a grande apparence que la cause de Sirven y perdra : il demande une chose qu’il est très-difficile d’accorder. Il y a dans le village dont on date cette lettre deux cents protestants qui sont sous la protection du roi, et dont on est très-content. On espère que bientôt on aura dans le voisinage une ville dans laquelle la liberté de conscience sera établie, soit sous un titre, soit sous un autre ; rien n’est plus sûr, et on peut y compter[3].

On fait à M. Ribotte les plus sincères compliments.

  1. Bulletin de la Société de l’histoire du Protestantisme français ; Paris, 1856, page 247.
  2. L’abbé Audra.
  3. « Le gouvernement s’occupait d’ouvrir aux Genevois un asile à Versoy, sur les bords du lac. Là devait s’établir une ville où l’industrie et le commerce seraient libres, où un temple protestant s’élèverait vis-à-vis d’une église catholique. Voltaire avait fait adopter ce plan, mais le ministre n’eut pas le crédit d’obtenir une loi de liberté religieuse ; une tolérance secrète, bornée au temps de son ministère, était tout ce qu’il pouvait offrir, et Versoy ne put exister. » (Vie de Voltaire, par Condorcet.)