Correspondance de Voltaire/1770/Lettre 8110

Correspondance : année 1770GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 273).
8110. — À M. LE MARQUIS DE CONDORCET.
5 décembre.

Puisque M. le marquis de Condorcet tolère les vers, le roi de la Chine le prie de le tolérer. Il avait envoyé un exemplaire pour vous, monsieur, à votre compagnon de voyage. Je ne sais si on oublie Pékin quand on est à Paris. Cet exemplaire français n’est imprimé que dans une sorte de caractères. Vous savez qu’à la Chine on en a employé soixante-quatre pour rendre l’impression et la lecture plus faciles. C’est de la pâture pour messieurs des inscriptions et belles-lettres. Au reste, je ne doute pas que le roi de la Chine n’aime aussi les mathématiques. Pour moi, monsieur, j’aime passionnément les deux mathématiciens qui ont autant de justesse que de grâce dans l’esprit.

Je suis très-malade, et tout de bon, quoique l’hiver soit doux. La faculté digérante me quitte, et par conséquent la faculté pensante. Il me reste l’aimante ; j’en ferai usage pour vous tant que je serai dans l’état du président Hénault, dont j’approche fort ; j’entends l’état où il était avant de finir. C’est peu de chose qu’un vieil académicien.

La faculté écrivante me quitte. Le vieil ermite vous assure de ses tendres respects.