Correspondance de Voltaire/1770/Lettre 8062

Correspondance : année 1770GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 233).
8062. — À M. TABAREAU[1].
24 octobre.

J’adressai par la dernière poste, à mon cher philosophe correspondant, un petit paquet pour le graveur de Henri IV, de Louis XIV et de leur barbouilleur. Voici maintenant deux paquets, l’un pour M. Capperonnier et l’autre pour un phycisien qui n’est point du tout de l’avis de M. de Buffon sur les coquilles et sur les montagnes. J’ai pris aussi la liberté de demander la feuille de l’Ane littéraire, où une certaine édition est annoncée. J’ai poussé l’indiscrétion jusqu’à demander encore les Mémoires de Russie par le général Manstein. C’est un peu abuser de vos bontés ; mais puisque je suis en train, j’insiste pour savoir s’il est vrai qu’on a arrêté M. Dupaty, l’avocat général de Bordeaux ; je m’y intéresse infiniment.

J’ai lu enfin les canaux et les lettres de M. Linguet. Cet homme est intrépide ; il traite Cicéron comme le dernier des hommes, et n’est en rien de l’avis de personne. Paris a donc aussi son Jean-Jacques ; mais puisqu’il n’est que Parisien, il n’aura jamais autant de vogue à Paris qu’un étranger.

Je vous ai envoyé aussi un reçu de Chirol. Voilà tout. Le pauvre malade vous embrasse de tout son cœur.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.