Correspondance de Voltaire/1770/Lettre 7831

Correspondance : année 1770GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 22-23).
7831. À M. BERTRAND.
19 mars.

Je suis, monsieur, aussi honteux que reconnaissant ; tous les bienfaits sont de votre côté, et tous les torts sont du mien. Je vous devais depuis longtemps une réponse à une lettre charmante que vous m’aviez écrite ; mais que ne vous dois-je point pour l’article Droit canonique[1] ! Je ne sais rien de mieux pensé, de plus méthodique, de plus vrai ; vous avez un esprit juste et un cœur droit, et vous immolez la prêtraille à la vérité et à l’intérêt public votre courage est aussi respectable que votre écrit est bien fait. Il y aura peut-être quelques endroits qu’on vous demandera la permission d’élaguer, parce qu’ils sont déjà traités dans quelques autres articles.

Si vous avez du loisir, si vous voulez rendre service au genre humain, donnez-nous encore quelque chose sur la primitive Église ; sur l’égalité des prêtres et des évêques ; sur les usurpations de la cour romaine, sur tout ce qui vous passera par la tête tout ce qui sortira de cette tête achèvera d’éclairer les autres cervelles. Il faut que le feu de la vérité porte la lumière dans les yeux de tous les hommes honnêtes, et brûle les yeux des tyrans.

On ne peut vous estimer et vous aimer plus que votre collaborateur.

  1. C’est de Bertrand qu’est le préambule de l’article Droit canonique dans les Questions sur l’Encyclopédie ; voyez tome XVIII, page 429.