Correspondance de Voltaire/1769/Lettre 7695
La charmante lettre que vous m’avez écrite, mon cher chambellan de la législatrice victorieuse ! Je vous avais déjà fait mon compliment par M. d’Eck ; j’étais alors trop malade pour écrire. C’est donc Cotcin qu’il faut dire, et non pas Choctzim ; moi, je l’appelle Triomphopolis.
Je me flatte que le code des lois s’achèvera parmi les victoires. Mars est, dit-on, le dieu de la Thrace, où réside son pauvre serviteur Moustapha ; mais Minerve réside à Pétersbourg, et vous savez que, dans Homère, Minerve l’emporte beaucoup sur Mars.
Quel Mars que Moustapha !
À propos, Orphée était de Thrace aussi : faites-y donc un petit voyage, à la suite de Sa Majesté impériale. Ah ! s’il me restait encore un peu de voix, je chanterais, comme les cygnes, en mourant. Il est bien triste pour moi de mêler de si loin mes acclamations aux vôtres. Je vous embrasse mille fois dans les transports de ma joie. Mille respects à Mme la comtesse de Schouvalow.
Je présente mes très-humbles et mes tendres félicitations à M. le prince Gallitzin, ci-devant ambassadeur, tant chez les Français que chez les Welches, et à M. le comte de Woronzow, qui est, je crois, à présent à votre cour.
Permettez-moi de faire mettre dans la Gazette de Berne, qui va en France, les détails intéressants de votre lettre.