Correspondance de Voltaire/1769/Lettre 7681

7681. — DU CARDINAL DE BERNIS.
À Rome, le 27 septembre.

On ne peut rien faire de plus, mon cher confrère, pour la perruque de votre aumônier. J’espère que monsieur l’évêque de Genève ne sera pas plus rigoureux pour lui que le saint-siège. L’attestation que vous m’avez envoyée m’a fait rire ; c’était votre intention. Il est vrai que jusqu’ici les épines sur lesquelles je marche n’ont pas blessé mes pieds. Si le pape avait un peu voyagé, s’il avait respiré un autre air que celui de Rome, il aurait des vues plus étendues, et son ton serait très-aimable. Il a tout l’esprit que la nature peut donner à un homme qui n’a connu que le cloître et les congrégations. Il veut bien vivre avec les souverains, ne point tyranniser les consciences, et souffrir avec douceur le mal qu’il ne peut empêcher. Je ne me repends pas de lui avoir donne mon suffrage, accompagné de plusieurs autres. Au surplus, ma santé a très-bien résisté aux chaleurs, et mon âme résistera encore mieux aux petites tracasseries, qui sont les fruits naturels du pays que j’habite. Quand vous ferez, quelque folie honnête, soit en vers, soit en prose, souvenez-vous de votre admirateur, et du plus fidèle de vos serviteurs et confrères.