Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 6681

Correspondance : année 1767GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 54-55).
6681. — À M.  D’ALEMBERT.
18 janvier.

Je ne peux jamais vous écrire que par ricochet, mon cher philosophe ; nous avons une guerre cruelle avec les Genevois. Notre armée s’est déjà emparée de plus de douze bouteilles de vin et de six pintes de lait qui passaient aux ennemis. Tout le poids de la guerre est tombé sur nous. Nous n’avons pas, à la lettre, de quoi faire du bouillon.

Il n’est pas physiquement possible que le sieur Regnard[1] donne vingt-cinq louis d’or d’un discours[2] académique, dont on vend d’ordinaire cent exemplaires tout au plus.

Voici des vers à la louange de Vernet[3], qu’on m’a confiés. On parle d’un poëme sur la Guerre de Genève, qui ne sera pas aussi long que la Secchia rapita, mais qui doit être plus comique.

Je fais d’avance mille tendres compliments à M.  Thomas[4]. Fourrez-moi beaucoup de ces gens-là dans l’Académie quand vous en trouverez.

J’adresse à l’abbé d’Olivet une petite réponse[5] à sa Prosodie ; il doit vous la remettre : il y est beaucoup question de votre correspondant du Brandebourg. Quand votre correspondant du mont Jura pourra-t-il vous embrasser ?

  1. Imprimeur de l’Académie française.
  2. Il s’agit du Discours sur les avantages de la paix et les inconvénients de la guerre, par La Harpe.
  3. Éloge de l’hypocrisie; voyez tome X.
  4. Reçu à l’Académie française le 22 janvier.
  5. Voyez lettre 6652.