Correspondance de Voltaire/1766/Lettre 6641

Correspondance de Voltaire/1766
Correspondance : année 1766GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 44 (p. 564-565).

6641. — À M. HENNIN.
30 décembre.

J’embrasse tendrement le ministre de paix. Je lui souhaite un bel olivier pour l’année 1767. À l’égard des myrtes, il en aura tant qu’il voudra. Je lui renvoie le fatras latin. Les livres rares sont rarement de bons livres.

Je le supplie de me mettre aux pieds de Son Excellence, quoique ses pieds ne soient pas trop fermes. On dit qu’il ne peut encore marcher : c’est la statue de Nabuchodonosor[1], tête d’or et pieds d’argile. Dites-lui, je vous en prie, que je lui serai tendrement dévoué toute ma vie.

Ne m’oubliez pas auprès du chevalier Béarnais[2], aussi vif que Henri IV, mon héros, et qui l’emporte, je crois, sur Henri IV en vigueur de tempérament. Je vous souhaite à tous deux que vous partagiez les filles de Genève cet hiver, attendu que cet amusement vaut mieux que celui de la comédie. La pièce suisse de Guillaume Tell[3] n’a pas trop réussi, quoiqu’elle soit, dit-on, écrite dans la langue du pays.

Je suis dans la joie, mon petit La Harpe vient de remporter le prix de l’Académie.

J’attends une autre joie, celle de lire le discours de M. Thomas[4].

  1. Daniel, chap. ii, vers. 32, 33.
  2. Le chevalier de Taulès.
  3. De Le Mierre ; voyez lettre 6583.
  4. Voyez lettre 6625.