Correspondance de Voltaire/1766/Lettre 6642

Correspondance de Voltaire/1766
Correspondance : année 1766GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 44 (p. 565).

6642. — DE M. HENNIN[1].
Le 31 décembre 1766.

Que dites-vous, monsieur, de notre besogne. La bombe a éclaté[2], et c’est moi qui suis chargé d’en jeter les éclats au nez de ceux qui le méritent. Vous jugez bien que je ne prendrai pas mon élan pour cela, mais je ferai strictement mon devoir. Vous savez peut-être que les Vingt-Quatre[3] croient m’avoir la plus grande obligation, et me font les plus belles démonstrations d’amitié. Puisse le ciel les éclairer, et faire tomber le verre que la vanité a mis sur leurs yeux.

Je vous embrasse et n’espère pas aller de sitôt à Ferney.

  1. Correspondance inédite de Voltaire avec P.-M. Hennin ; 1825.
  2. Les affaires de Genève, loin de s’arranger, s’embrouillaient de plus en plus. Les représentants attiraient par leur conduite le mécontentement du cabinet de Versailles. Le projet de règlement dressé par les médiateurs venait d’être rejeté. (Voyez lettre du 27 novembre.) Le chevalier de Beauteville quitta Genève pour se rendre à Soleure le 30 décembre 1766. Il fut dès lors question de former un cordon de troupes, d’investir Genève, et de pacifier la république par la force, puisque les négociations ne faisaient point parvenir à ce but.
  3. Les Vingt-Quatre étaient, comme on l’a déjà vu, des commissaires nommés par les représentants pour défendre leur cause auprès des médiateurs.