Correspondance de Voltaire/1766/Lettre 6439

Correspondance : année 1766GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 44 (p. 367-368).

6439. — À M.  DAMILAVILLE.
30 juillet.

Je vous ai déjà mandé[1], monsieur, que j’avais reçu toutes vos lettres, tant sur les vingtièmes de Valromey, Bugey et Gex, que sur les autres objets. On signifia avant-hier à tous les villages de ces bailliages qu’ils eussent à payer sur-le-champ le vingtième et la taille, sans quoi on mettrait tous les syndics en prison. Cette rigueur n’avait point été exercée jusqu’à présent. On croit que c’est pour payer les troupes qui sont en garnison à Bourg en Bresse et dans le voisinage. M.  de Voltaire, votre ami, a payé sur-le-champ pour le village de Ferney. Il est toujours aux eaux de Rolle en Suisse, et il me charge de vous faire les plus tendres compliments.

J’attends, monsieur, avec impatience le mémoire circonstancié que vous avez eu la bonté de nous promettre. Vous devez avoir reçu deux petits mémoires touchant l’établissement d’une nouvelle manufacture[2]. J’espère que vous direz sur cela quelque chose de positif. Ce n’est assurément que manque de courage, et non pas manque de force, qu’on a tardé si longtemps à établir cette manufacture nécessaire.

Les plénipotentiaires médiateurs viennent de déclarer solennellement[3], et par écrit, que J.-J. Rousseau n’est qu’un calomniateur. Cette déclaration, jointe à celle de M.  Hume, est le juste châtiment d’un polisson qui est devenu un scélérat, par un excès d’orgueil. Il est plus coupable que personne envers la philosophie : d’autres l’ont persécutée, mais il l’a profanée.

Nos compliments, je vous prie, à M.  Tonpla[4]. Votre très-humble et très-obéissant serviteur.


Boursier.

  1. Voyez lettre 6437.
  2. L’établissement à Clèves d’une colonie de philosophes ; voyez lettres 6409 et 6430.
  3. Voyez lettre 6454.
  4. Anagramne de Platon, nom qui désigne Diderot ; voyez lettre 6430.