Correspondance de Voltaire/1765/Lettre 6017

Correspondance de Voltaire/1765
Correspondance : année 1765GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 43 (p. 555-556).

6017. — À M. LE PRÉSIDENT DE RUFFEY[1].
15 mai 1765, à Ferney.

Je vous l’ai déjà dit, mon cher président, il faut que vous pardonniez aux malingres de répondre tard ; vous comptez plus assurément sur mon tendre attachement pour vous que sur mon exactitude.

Il est vrai que je bâtis, mais je ne m’en occupe guère. Je prendrais beaucoup plus d’intérêt à l’architecture, si je pouvais jamais espérer de vous recevoir dans les appartements que je fais.

Je vous remercie des bontés que vous avez eues pour M. Dupuits, mon gendre[2] ; il a un procès contre des huguenots, et moi, j’en ai un contre un prêtre : nous verrons si je l’emporterai sur Juda, et lui sur Samarie.

Je ne sais si M. l’ancien premier président de La Marche est dans sa terre ; s’il y est, je vous supplie de lui dire, quand vous lui écrirez, qu’il aura en moi, jusqu’au dernier moment de ma vie, un serviteur bien tendrement attaché. Je ne lui écris point, car à quoi servent des lettres qui n’ont d’autre objet que celui de renouveler des sentiments dont il doit être sûr ? Je lui écrirais très-souvent si j’étais à portée de recevoir quelqu’un de ses ordres.

J’aurai l’honneur de vous envoyer l’édition in-4o qu’on va faire de bien des sottises[3], si je suis assez heureux pour la voir finie.

Conservez-moi votre amitié, elle m’est précieuse. Mille tendres respects.

  1. Éditeur, Th. Foisset.
  2. Dupuits, mari de Mlle Corneille, avait passé quelques jours à Dijon, chez M. de Ruffey, en avril 1765. Grimm ne vante pas son esprit.
  3. L’édition de ses œuvres par les Cramer.