Correspondance de Voltaire/1765/Lettre 6010
Mon cher frère, je croyais que le tableau et la gravure[2] dont vous m’aviez parlé étaient faits, et qu’il ne s’agissait plus que d’acheter des estampes. Mettez-moi au rang des souscripteurs, de quelque manière que ce puisse être et de quelque manière que vous l’entendiez. Les noms de Calas et de Sirven remplissent mon cœur autant que les persécuteurs l’indignent.
Remarquons pourtant, à la gloire de notre siècle, que le public se soulève contre les fanatiques du Languedoc, et qu’Omer est l’objet du mépris général. Le nombre des honnêtes gens qui embrassent la vérité augmente tous les jours ; ils émoussent le glaive du fanatisme. Oh ! si les fidèles avaient la chaleur de votre belle âme, que de bien ils feraient ! Oh ! le beau chœur de musique qui finirait par : Écrasez l’infâme !