Correspondance de Voltaire/1765/Lettre 6009

Correspondance de Voltaire/1765
Correspondance : année 1765GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 43 (p. 550-551).
6009. — À M. LE MARQUIS ALBERGATI CAPACELLI[1].
À Ferney, 6 mai.

Je suis toujours, mon cher monsieur, dans le même état, à cela près que je vieillis tous les jours ; il faut renoncer à tous les plaisirs, excepté à celui d’être aimé de vous. Jouissez de tous ceux que votre bonne santé, et votre esprit encore meilleur, peuvent vous procurer. Le goût des lettres et celui d’une véritable philosophie feront vos délices dans un pays où il y a bien peu de philosophes. Faites fleurir votre théâtre, tandis que je détruis le mien. Consolez-moi en exerçant un art auquel je suis forcé de renoncer, et conservez-moi des bontés auxquelles vous savez combien je suis sensible.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.