Correspondance de Voltaire/1765/Lettre 5951

Correspondance : année 1765GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 43 (p. 496).

5951. — À M.  TRONCHIN DE LYON[1].
Ferney, 20 mars 1765.

Il viendra dans quelque temps un jeune homme nommé M. de La Harpe, à qui je vous supplierai de vouloir bien donner pour moi quatre louis d’or pour l’aider à faire son voyage de Lyon à Genève. Je vous serai très-obligé.

Je vous avoue que je n’ai de ma vie goûté une joie plus pure qu’en embrassant le petit Calas[2], qui est à Genève, lorsque nous reçûmes en même temps la nouvelle de la plus ample justice qu’on ait encore faite en France à l’innocence opprimée. Ce grand exemple rognera pour longtemps les griffes affreuses du fanatisme, et fera taire sa voix infernale.

Je viens de consommer la rétrocession des Délices, et je mets l’argent qui en revient à bâtir deux ailes au château de Ferney et à faire quelques embellissements. Vous m’avouerez qu’à mon âge il est plus convenable d’augmenter et d’orner Ferney, que j’ai donné à ma nièce, que de dépenser cet argent aux Délices qui ne lui appartiendront pas.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Donat Calas.