Correspondance de Voltaire/1761/Lettre 4691

Correspondance : année 1761
Garnier (Œuvres complètes de Voltaire, tome 41p. 457-458).

4691. — À M. FYOT DE LA MARCHE[1].
(fils.)
À Ferney, par Genève, 28 septembre 1761.

Monsieur, je crois rendre ce que je dois à votre probité, et en même temps montrer mon respect pour vous et pour le parlement, en vous instruisant du procès et du procédé de M. le président de Brosses[2]. Je ne sais quel fétiche le possède[3]. Mais j’ose vous supplier, monsieur, de lire ma réponse à l’assignation qu’il m’a donnée. Je prends une plus grande liberté. Je me soumets à votre arbitrage. Monsieur votre père, qui m’a fait l’honneur de passer quelques jours dans ma cabane[4] est instruit de toute cette affaire. Elle est exactement telle que le mémoire ci-joint la présente. Je n’ai altéré aucune circonstance. Jugez s’il est convenable à un homme qui a l’honneur d’être de votre respectable corps de s’exposer à de telles vérités. Sa conduite me fait autant de peine pour lui que pour moi-même, et je demande votre pitié pour lui et pour moi. Il est dur de plaider contre lui, et il est trite qu’il plaide. Il ne doit qu’apaiser les différends, et non en avoir. Celui-ci est d’une nature bien étrange ; je crois lui rendre un très-grand service en prenant la liberté de m’adresser à vous. Et s’il veut s’en remettre à votre jugement, je m’y soumets comme je le dois.

Je suis avec beaucoup de respect, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.


Voltaire.

  1. Éditeur, H. Beaune.
  2. Le président de Brosses avait assigné Baudy le 2 juin 1761, en payement du bois livré par celui-ci à Voltaire, et Baudy avait appelé ce dernier en garantie. L’affaire fut portée le 24 septembre au bailliage de Gex, et renvoyée à une époque indéterminée. (Note du premier éditeur.)
  3. On sait que le président était auteur d’un Traité sur les dieux fétiches, {{abréviation|in-12|in-douze}, s. 1. 1760.
  4. M. de La Marche père avait séjourné à Ferney du 5 au 13 septembre.