Correspondance de Voltaire/1761/Lettre 4622

Correspondance : année 1761
Garnier (Œuvres complètes de Voltaire, tome 41p. 379).

4622. — À M. L’ABBÉ D’OLIVET.
Ce vendredi, juillet.

Vous avez très-bien fait, mon cher directeur, de venir chez la protectrice des arts[1]. Elle a été flattée de l’hommage du directeur, et, en vérité, vous lui deviez plus que des hommages. Nous devons être pénétrés de reconnaissance. Ce que je craignais est arrivé ; la personne qui ne devait rien savoir sait tout. Mais cet inconvénient ne sert qu’à rendre plus inébranlable une belle âme née pour faire du bien. Plus notre idée sera sue, plus il la faut suivre ; et je vous réponds qu’elle sera suivie. Elle est dans les meilleures mains du monde, comme dans les plus belles. Ceux de nos confrères qui ne se sont point prêtés à un dessein si honorable et si utile ne sentiront qu’un noble et heureux repentir quand ils verront qu’une personne qu’on ne prendrait que pour Hébé ou pour Flore devient notre Minerve, et encourage le projet qu’ils n’ont pas secondé[2].

Tout ce que je souhaite, c’est que cette époque de la gloire de l’Académie soit jointe à celle de votre directorat ; mais le temps est bien court.

bonsoir ; je vous embrasse tendrement. Nous pouvez dire hardiment que je ne viens point lire notre ode, parce que je suis plus utilement occupé. L’affaire me parait sûre. Bonsoir encore une fois.

  1. Mme de Pompadour.
  2. Le projet de commentaire sur les classiques français.