Correspondance de Voltaire/1760/Lettre 4304

Correspondance : année 1760
Garnier (Œuvres complètes de Voltaire, tome 41p. 29).

4304. — À M. DE CHENEVIÈRES[1].
22 octobre.

Mon cher ami, la meilleure nouvelle que vous nous ayez jamais apprise, c’est quand vous nous annonçâtes Mlle de Bazincourt[2] : cela vaut mieux pour nous que les prétendus dix millions de sucre et de café. Je vous souhaite ce qui s’en faut, et je vous souhaite surtout d’être directeur d’hôpitaux militaires qui ne soient pas si loin de chez nous, et où il y ait moins de malades et moins de blessés. L’Allemagne a été fort malsaine pour les Français.

On prétend que Paris rit toujours autant qu’il murmure ; que les soupers sont aussi gais avec de la vaisselle de terre qu’avec celle d’argent ; qu’on va vous donner des pièces nouvelles, bonnes ou mauvaises, panem et circenses. Il ne faut que cela dans votre bonne ville. J’ai donné circenses dans mes terres ; pour panem, j’en mérite, puisque je le sème. J’ai aussi du vin, je voudrais que vous vinssiez le boire.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Elle était chez Vollaire depuis plus d’un an.