Correspondance de Voltaire/1760/Lettre 4303

Correspondance : année 1760
Garnier (Œuvres complètes de Voltaire, tome 41p. 28-29).

4303. — À M. LE CONSEILLER LE BAULT[1].
Aux Délices, 22 octobre (1760).

Monsieur, les maçons et les charpentiers, et ejusdem farinæ homines, m’ont ruiné. Il est dur pour un voisin de la Bourgogne de dépenser en pierres ce qu’on pourrait mettre en vin. Voilà pourquoi j’ai eu l’indignité de préférer un tonneau de 260 livres à un de 450. J’ai beaucoup de vin assez bon pour des Genevois qui se portent bien ; mais à moi malade, il faut un restaurant bourguignon. Voulez-vous boire à nous deux votre tonneau de 450 ? Envoyez-m’en la moitié, et pardonnez à ma lésine. L’année prochaine je serai hardi si les Anglais ne nous prennent pas Pondichéry, et si on ne nous impose pas un quatrième vingtième. Franchement, tout ceci est un peu dur.

Mille respects à madame. C’est avec les mêmes sentiments que j’aurai toujours l’honneur d’être, etc.

  1. Éditeur, Th. Foisset.