Correspondance de Voltaire/1760/Lettre 4138

Correspondance de Voltaire/1760
Correspondance : année 1760GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 40 (p. 401-402).

4138. — À M. THIERIOT[1].
29 mai.

On m’envoie cela, et je vous fais part de cela. C’est un déluge de monosyllabes. Ceux-ci m’ont paru plus gaillards que les autres. Je n’ai pu encore parvenir à trouver le recueil des Quand, des Si, des Pourquoi, imprimés, dit-on, sur du papier couleur de rose. On a recours à des amis dans le besoin. Je vous prie, mon ancien ami, de ne me pas oublier. Je vous dois plusieurs livres ; quand il vous plaira, nous compterons.

Au reste, je ne sais pas pourquoi on me fourre dans toutes ces querelles, moi laboureur, moi berger, moi rat retiré du monde, dans un fromage de Suisse. Je me contente de ricaner, sans me mêler de rien. Il est vrai que je ricane beaucoup : cela fait du bien, et soutient son homme dans la vieillesse.

La pièce contre les philosophes n’a pu me faire rire. Peut-être cela est-il fort drôle au théâtre ; mais, à la lecture, on bâille. La première loi, quand on fait une comédie, c’est d’être comique : sans gaieté point de salut.

Si vous aviez quelque libraire à favoriser, un plaisant qui voyage m’a laissé un manuscrit que je pourrais vous faire tenir. Ce manuscrit est d’une douzaine de pages ; mais le plaisant demande le secret, et moi, je vous demande continuation d’amitié.

Que ne faites-vous comme Marmontel, qui vient nous voir ? V.

Qui sont les monstres qui disent que j’ai part aux Que ? Ah ! les coquins !

À qui faut-il adresser vos paquets, pour que vous les ayez plus tôt ?

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.