Correspondance de Voltaire/1759/Lettre 3908

Correspondance de Voltaire/1759
Correspondance : année 1759GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 40 (p. 154-155).

3908. — DE M. CLAIRAUT[1].
Paris, 16 août 1759.

Monsieur, l’amitié dont vous m’avez autrefois honoré m’est toujours présente à l’esprit, comme une des distinctions les plus flatteuses que j’aie obtenues. Si depuis longtemps je ne vous en ai point demandé de nouveaux témoignages, il ne faut l’attribuer qu’à la crainte de vous dérober des moments dont toute l’Europe connaît le prix. Cette crainte, si juste dans la plupart des occasions qui déterminent le commun des hommes, serait déplacée lorsque l’on a quelques réflexions à vous communiquer sur des matières propres à vous intéresser ; et la multiplicité si étendue de vos connaissances vous empêche de trouver la stérilité dans quelque commerce littéraire que ce soit.

J’ai donc imaginé que l’intérêt que vous prenez au système de Newton, que vous avez établi le premier en France par la manière brillante dont vous l’avez exposé, vous engagerait à jeter les yeux sur les efforts que j’ai faits en dernier lieu pour contribuer à l’avancement de ce système. C’est la fixation du retour de la comète annoncée par Halley : opération que j’ai faite en appliquant ma détermination générale des perturbations que les corps célestes se causent mutuellement. Je joins ici le mémoire que je lus à la rentrée publique de la Saint-Martin dernière sur cette matière. Comme il a été attaqué avec assez de passion dans divers journaux, j’ai cru devoir répondre à mes critiques avant la publication de toute ma théorie. Et j’ai l’honneur de soumettre à votre jugement ce second mémoire ainsi que le premier. Lorsque l’ouvrage entier sera achevé d’imprimer, il vous sera présenté avec le même empressement.

Je suis, avec la plus haute estime et le respect qui y est nécessairement lié, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.


Clairaut.

  1. Voyez la lettre 3914.