Correspondance de Voltaire/1759/Lettre 3757

Correspondance de Voltaire/1759
Correspondance : année 1759GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 40 (p. 19-20).

3757. — À M. COLINI.

Voici, mon cher Colini, la lettre#1 que vous pouvez écrire. Adressez-vous au notaire qui reçut votre protestation ; faites [1] présenter la requête au vénérable… conseil. Il la refusera ; vous en appellerez au Conseil aulique, et je vous réponds que Freytag sera condamné. Vous n’aurez qu’à envoyer la requête à Mme de Bentinck, et la supplier de vous donner son avocat. M. le comte de Sauer pourra vous servir. J’agirai fortement en temps et lieu.

N. B. Vous pouvez me citer comme témoin de vos effets volés.

  1. Voltaire ayant appris que le prince de Soubise, nommé maréchal de France le 19 octobre 1758, dirigeait la marche de l’armée française du côté de Francfort-sur-le-Mein, envoya bientôt à Colini un Mémoire contenant les principaux détails de l’avanie du mois de juin 1753, avec un modèle de lettre qu’il engageait son ancien secrétaire à adresser au nouveau maréchal. Colini ne fit aucun usage du Mémoire ni de la lettre. Le Mémoire, selon lui, était dicté par une juste animosité ; mais certains personnages y étaient présentés sous un jour si défavorable qu’il crut devoir, même après la mort de Voltaire, laisser cet écrit dans l’oubli. Quant à la lettre au prince de Soubise, la voici telle qu’on la trouve page 97 des Mémoires de Colini :

    « Monseigneur, permettez qu’un sujet de Sa Majesté impériale, dont Votre Altesse défend la cause, implore votre protection dans la plus juste demande contre le brigandage le plus horrible. Peut-être un mot de votre bouche peut obliger le conseil de Francfort à me rendre justice. Peut-être son attachement à nos ennemis, sa haine contre la France et contre tous les bons sujets de Sa Majesté impériale, lui feront soutenir les iniquités du nommé Freytag ; mais je suis dans la nécessité d’implorer votre protection pour obtenir une sentence prompte, favorable ou injuste, afin que je puisse me pourvoir au Conseil aulique. C’est cette sentence expéditive que je demande par la protection de Votre Altesse ; elle est faite pour secourir les opprimés.

    « Permettez que je mette aussi à vos pieds ma requête au conseil de Francfort.

    « Je suis, etc. »