Correspondance de Voltaire/1755/Lettre 2992

Correspondance de Voltaire/1755
Correspondance : année 1755GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 38 (p. 440-441).

2992. — À M. LE PRÉSIDENT DE RUFFEY[1].
Aux Délices, près de Genève, le 23 août 1755.

Il est vrai, monsieur, que mon corps a fait un effort en se transportant à Gex, et mon âme en a fait un autre en barbouillant une tragédie chinoise. Je ne donne plus que des magots. Voilà comme on finit ; mais que voulez-vous qu’on fasse quand on se trouve entre des médecins et des apothicaires, des montagnes et des fripons ? Votre intendant m’a paru tout aussi aimable qu’à vous. Si mon goût décidait de mes marches, je viendrais bien vite profiter des bontés de M. de La Marche, de celles de M. de La Valette, et surtout des vôtres. Mais je suis hors d état de voyager. Il faut que je m’en tienne à mes montagnes et à mon lac. Je me souviendrai toujours de vous dans ma solitude, où j’oublie tout le reste du monde de tout mon cœur. Comptez sur mes sentiments, et jamais sur mes compliments. V.

  1. Éditeur, Th. Foisset.