Correspondance de Voltaire/1755/Lettre 2991

Correspondance de Voltaire/1755
Correspondance : année 1755GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 38 (p. 440).

2991. — À MADAME DE FONTAINE,
à paris.
Aux Délices, 23 août[1].

Ma chère enfant, il fait bien chaud pour montrer cinq magots de la Chine à cinq cents Parisiens ; et la plupart des acteurs sont d’autres magots. Il est impossible que la pièce réussisse ; mais il est encore plus triste que tout le monde dispose de mon bien comme si j’étais mort. J’écris à M. d’Argenson et à Mme de Pompadour, touchant le nommé Prieur[2], qui a imprimé un manuscrit volé chez l’un ou chez l’autre. Ce manuscrit ne contient que des mémoires informes. Ce libraire est un sot, et le vendeur un fripon. Je n’ai à craindre que d’être défiguré : cela est toujours fort désagréable.

Adieu, ma chère nièce, votre sœur vous embrasse ; j’en fais autant. Nous vous aimons à la folie.

  1. Cette lettre, dans Beuchot, faisait partie de la lettre du 2 juillet. Or il est à remarquer qu’à cette date Voltaire ne savait pas que l’Histoire de la guerre de 1741 avait été volée, et qu’il n’apprit que vers le 23 août le nom du libraire Prieur.
  2. Libraire à qui Ximenès avait vendu le manuscrit de la Guerre de 1741.