Correspondance de Voltaire/1753/Lettre 2544
2544. — DE L’ABBÉ DE PRADES À MAUPERTUIS[1].
Le roi m’a ordonne, monsieur, de vous envoyer la copie d’une lettre qu’il écrivit à Voltaire lors de l’affaire de la diatribe[2]. Sa Majesté laisse à votre prudence le choix des instants où il sera à propos de la montrer. Il a été informé que M. de Voltaire abusait des lettres remplies de bonté dont Sa Majesté l’a honoré quelquefois, et elle n’a pas été peu surprise qu’il voulût s’en servir pour justifier sa conduite. Vous savez, monsieur, que le roi amateur comme il est des talents, n’a fait que sacrifier, pour ainsi dire, à ceux de M. de Voltaire dans ces sortes de lettres, ayant toujours été obligé, quoique à regret, mais forcé par les fréquents écarts de M. de Voltaire, de distinguer son cœur de son esprit. S’il fait parade des lettres écrites à son esprit, vous montrerez celle-ci que le roi écrivait à son cœur. On pourra vous en envoyer quelque autre dans ce goût-là.
- ↑ Desnoiresterres, Voltaire et Frédéric, page 414.
- ↑ La lettre du 16 mars.