Correspondance de Voltaire/1753/Lettre 2529
Sire, j’ai reçu une lettre de Kœnig tout ouverte ; mon cœur ne l’est pas moins. Je crois de mon devoir d’envoyer à Votre Majesté le duplicata de ma réponse[2]. J’ai tant de confiance en ses bontés et en sa justice que je ne lui cache aucune de mes démarches. Je vous soumettrai ma conduite, toute ma vie, en quelque lieu que je l’achève. Je suis ami de Kœnig, il est vrai ; mais assurément je suis plus attaché à Votre Majesté qu’à lui ; et, s’il était capable de manquer le moins du monde à ce qu’il vous doit, je romprais pour jamais avec lui.
Soyez convaincu, sire, que je mets mon devoir et ma gloire à vous être attaché jusqu’au dernier moment. Ces sentiments sont aussi ineffaçables que mon affliction, qui chaque jour augmente.
Je me jette à vos pieds et j’attends les ordres de Votre Majesté.