Correspondance de Voltaire/1753/Lettre 2530

Correspondance de Voltaire/1753
Correspondance : année 1753GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 38 (p. 4-5).

2530. — DE FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE[1].
(1753.)

Le roi a tenu son consistoire, et dans ce consistoire il a été discuté si votre cas était un péché mortel ou véniel. À la vérité, tous les docteurs ont reconnu qu’il était très-mortel, et constaté tel par les chutes et rechutes, Mais cependant, par la plénitude de grâce de Belzébuth qui repose sur Sa Majesté, elle croit pouvoir vous absoudre, sinon en entier, du moins en partie. Ce serait, à la vérité, en faveur de quelque acte de contrition et de pénitence imposée ; mais comme, dans l’empire de Satan, on déférait beaucoup au génie, je crois que, en faveur de vos talents, on pourrait pardonner les fautes qui auraient pu faire quelque espèce de tort à votre cœur. Voici les paroles du souverain pontife, que j’ai recueillies avec soin. C’est plutôt une prophétie.

  1. Tirée des archives du Cabinet de Berlin, et publiée dans les Œuvres de Frédéric le Grand, édition Preuss, tome XXII, page 307 : Berlin, 1853. — Cette lettre a été dictée par Frédéric à l’abbé de Prades.