Correspondance de Voltaire/1748/Lettre 1910

Correspondance de Voltaire/1748
Correspondance : année 1748GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 527-528).

1910. — DU LIEUTENANT GÉNÉRAL DE POLICE[1]
au comte d’argental.
Paris, 27 septembre 1748.

Au moment où j’ai ouvert ce matin votre lettre, je n’avais pas encore reçu, monsieur, la parodie de Sémiramis ; ce n’est qu’à midi qu’elle m’a été remise par un de mes commis, à qui les comédiens italiens l’avaient laissée. Vous ne devez pas douter, monsieur, que, dans cette occasion qui regarde M. de Voltaire, dont les talents méritent toutes sortes d’égards, je n’en agisse avec toute la circonspection possible. Aussi je ne ferai rien à cet égard sans en avoir rendu compte à M. de Maurepas ; mais, ce qui dépend de moi et ce que je ferai certainement, c’est d’examiner avec la plus scrupuleuse attention cet ouvrage, quel qu’il soit, pour qu’au cas qu’on tolère une parodie, on y garde au moins les égards qui sont légitimement dus à M. de Voltaire. L’intérêt même que vous y prenez, monsieur, sera un nouveau motif pour ne rien laisser passer qui puisse blesser l’illustre auteur de Sémiramis ; et, pour vous le prouver, il n’y aura rien de fait sur cela que je n’aie l’honneur d’en conférer avec vous, c’est tout ce que je puis en cette occasion, où je ne recevrais pas des ordres supérieurs pour empêcher la représentation de la pièce dont il est question. Je vous connais trop juste pour ne pas approuver mes raisons, et pour douter un instant de l’attachement sincère et respectueux avec lequel je suis, etc.

  1. Éditeur, Léouzon Leduc.