Correspondance de Voltaire/1745/Lettre 1766

Correspondance de Voltaire/1745
Correspondance : année 1745GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 398-399).

1766. — À M. DE CIDEVILLE.
Le 6 octobre.

Lorsque tu fais un si riche tableau
Du fier vainqueur de l’Issus et d’Arbelles,
Tu veux encor que je sois un Apelles !
Il fallait donc me prêter ton pinceau.

Ô loisir qui me manquez, quand pourrai-je, entre vos bras, répondre tranquillement, et à mon aise, aux bontés de mon cher Cideville ! Ô santé, quand écarterez-vous mes tourments, pour me laisser tout entier à lui !

Je suis accablé de mes maux d’entrailles, et il faut pourtant préparer des fêtes et écrire les campagnes du roi. Allons, courage ; soutenez-moi, mon cher ami. Vous m’avez déjà encouragé dans le Poëme de Fontenoy ; continuez.

Je vous fais part ici d’une petite lettre du saint-père, avec laquelle je vous donne ma bénédiction ; mais j’aimerais mieux faire pour votre académie[1] une inscription qui pût lui plaire, et n’être pas indigne d’elle. Elle réunit trois genres ; si elle prenait pour devise une Diane, avec cette légende : Tria regna tenebat ; avec l’exergue : Académie des sciences, de littérature, et d’histoire, à Rouen, 1745.

Bonsoir ; je vous embrasse. Je n’ai pas un moment. Mes respects à votre académie. N’oubliez pas M. l’abbé du Resnel, sur l’amitié de qui je compte toujours. V.

  1. L’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen, fondée en 1744, principalement par les soins de Cideville, qui, à la première séance, et la même année, lut un Discours sur l’établissement de cette société. On chercherait vainement le nom de Voltaire sur la liste des membres de l’Académie de Rouen. Cela doit paraître d’autant plus singulier que l’auteur de la Henriade, ami intime de Cideville et de plusieurs autres académiciens normands, fut membre de la plupart des sociétés littéraires et savantes de l’Europe. (Cl.)