Correspondance de Voltaire/1744/Lettre 1687

Correspondance de Voltaire/1744
Correspondance : année 1744GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 331-332).

1687. — À M. LE MARQUIS D’ARGENSON,
ministre des affaires étrangères.
Ce samedi, 26 décembre.

Vous avez trop de bonté pour ce pauvre avocat[1], et vous empêcherez bien, monseigneur, qu’il ne soit l’avocat des causes perdues. Je vous remercie bien tendrement de ce que vous avez daigné dire un mot de mon griffonnage.

Je m’occupe à présent à tâcher d’amuser par des fêtes celui que je voudrais servir par mes plaidoyers ; mais j’ai bien peur de n’être ni amusant ni utile.

Il est bien ridicule que je ne vous aie pas encore contemplé depuis votre nouvelle grandeur. Je suis toujours bien aise de vous dire que les ministres étrangers sont enchantés de vous. Il me paraît qu’ils aiment vos mœurs, et qu’ils respectent votre esprit. Ce que je vous dis là est à la lettre.

Comptez sur la véracité de votre ancien et très-ancien serviteur. Je me flatte d’accompagner votre amie dans votre château[2], à quatre lieues de Paris, et de vous y faire ma cour.

  1. Voltaire, que MM. d’Argenson chargeaient de rédiger des mémoires diplomatiques, des manifestes, etc. voyez tome XXIII, pages 197, 199, 203.
  2. Le marquis d’Argenson habitait le château de Segrès, dans la commune de Saint-Sulpice-de-Favières(Seine-et-Oise), aux environs d’Arpajon mais le château de Segrès est à neuf lieues de Paris.