Correspondance de Voltaire/1742/Lettre 1510

Correspondance de Voltaire/1742
Correspondance : année 1742GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 134).

1510. — DE JORE.
Paris, le 3 juin 1742.

J’ai reçu, monsieur, les trois cents livres que vous avez eu la bonté de me faire donner. Cette nouvelle manière de vous venger d’un homme infortuné, dont le plus grand malheur a été de s’oublier avec vous, et qui en est au désespoir depuis si longtemps, ne sortira jamais de mon cœur. Vos bontés augmentent le sincère repentir que j’en ai ; elles m’étonnent, elles m’inspirent le respect et l’attachement le plus tendre. Il faut que ceux qui m’avaient séduit soient des monstres. Ils ne vous connaissent pas comme je vous connais. Ma vie doit être employée à vous marquer mon dévouement. Je n’ai point de termes pour vous dire ce que vous m’inspirez. Permettez-moi seulement de me présenter devant vous, et de venir vous remercier. C’est la grâce que je vous prie d’ajouter à vos générosités.

Je suis avec respect et la plus tendre reconnaissance, monsieur, votre très-humble, etc.

Jore.