Correspondance de Voltaire/1738/Lettre 874

Correspondance : année 1738GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 34 (p. 488).
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874. — À M. DE. MAUPERTUIS.
Cirey, le 25 mai.

Voici, monsieur, une obligation que Cirey peut vous avoir, et une affaire digne de vous.

Un Mémoire sur la Nature du feu et sur sa Propagation, avec la devise :

Ignea convexi vis et sino pondere cœli
Emicuit, summaque locum sibi legit in arce.

(Ovid., Metam., lib. i, v. 26.)

est de Mme  du Châtelet, et semble avoir eu votre approbation. Ne serait-il point de l’honneur de l’Académie, autant que de celui d’un sexe à qui nous devons tous nos hommages, d’imprimer ce mémoire en avertissant qu’il est d’une dame ? Mais vous partez pour Saint-Malo : qui pouvez-vous charger, en votre absence, de cette négociation ? Et qu’en pensez-vous ? Réponse à vos admirateurs, la plus prompte que vous pourrez. Peut-être croirez-vous que j’ai pu gâter le mémoire de Mme  du Châtelet en y mêlant du mien ; mais tout est d’elle. Les fautes sont en petit nombre, et les beautés me paraissent grandes. Il faudrait qu’elle eût la liberté de le corriger[1]. Vos académiciens seraient des ours s’ils négligeaient cette occasion de faire honneur aux sciences. Je vous embrasse du meilleur de mon cœur.

  1. On lui permit de le faire, mais seulement par errata. (B.)