Correspondance de Voltaire/1738/Lettre 875

Correspondance : année 1738GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 34 (p. 488-489).
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875. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[1].
Ce 5 juin (1738).

En réponse à celles du 31 mai et 2 juin.

J’ai reçu, mon cher ami, la rescription de deux mille livres. Je vous renvoie le mémoire du miroitier. Je vous prie d’envoyer toujours à bon compte les livres bien encaissés par les rouliers, à mesure que vous en aurez. Je suis bien charmé d’avoir enfin les Transactions de Londres. Prault ne fournira aussi Huygens, de Horologio oscillatorio. Je vous prie d’insister sur toutes les bagatelles que je lui demande.

Il viendra vous voir un jeune homme nommé Cousin, qui travaille actuellement chez l’abbé Nollet, et qui viendra bientôt à Cirey, ou j’espère lui faire un sort agréable. En attendant, je vous prie de lui donner vingt pistoles, et de le bien encourager. Il a une belle main, il dessine, il est machiniste, il étudie les mathématiques, il s’applique aux expériences, il va apprendre à opérer à l’Observatoire. Si d’Arnaud avait de pareils talents, je l’aurais rendu heureux, si même il avait eu le courage de se former à écrire. Je croyais, avec raison, qu’il savait l’italien, puisqu’il avait fait imprimer dans le Mercure une apologie du Tasse, et je lui proposais de traduire un ouvrage qui lui eût procuré cent pistoles et un voyage agréable de trois ou quatre mois. Prault devait l’imprimer, lui donner les cent pistoles et lui payer son voyage d’avance. Le pauvre garçon sera bien malheureux s’il ne sait que faire des vers, et s’il ne se met pas à travailler utilement.

Je vous renverrai bientôt la transaction de Demoulin avec un transport, et on poursuivra Demoulin vivement en un autre nom que le mien.

Je vous prie, si vous trouvez quelque petite montre jolie, bonne ou mauvaise, simple, d’argent seulement, mais surtout petite, avec un joli cordon soie et or, ou or trait (trois louis, tout au plus, doivent payer cela), je vous demande en grâce de me l’envoyer par le coche, subito, subito. C’est un petit présent que je veux faire au fils de M. le marquis du Châtelet : c’est un enfant de dix ans ; il la cassera ; mais il en veut une, et j’ai peur d’être prévenu.

Je n’ai point encore fait usage de la pendule à secondes. Mme du Châtelet m’a pris tous mes ouvriers, et ma galerie n’est pas finie.

La petite boîte d’or émaillé est un des plus jolis bijoux que je connaisse ; il a réussi comme votre cachet. En vous remerciant bien de tant de soins.

Encore un petit mot sur les livres que vous m’envoyez. Vous pouvez fort bien dépêcher les treize tomes d’Observations. Prault reprendra les quatre qu’il a déjà envoyés, et qui sont brochés. Je vous prie de lui bien recommander de faire retoucher cette mauvaise estampe. Que Latour choisisse…

(La fin manque.)

  1. Édition Courtat.