Correspondance de Voltaire/1736/Lettre 604

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604[1]. — À M. LE LIEUTENANT GÉNÉRAL DE POLICE[2].
15 juin 1736.

Je vous supplie de vouloir bien garder cette lettre. Je suis obligé de partir dans deux jours. J’ai laissé tous les papiers concernant l’affaire de Jore au sieur Robert, avocat, rue du Mouton, près la Grève.

J’ai besoin, pour avoir mainlevée des saisies faites par Jore, ou d’une sentence du Châtelet, ou d’un arrêt prononcé par vous, monsieur, comme commissaire du conseil, ou d’un ordre qui force ce scélérat à donner la mainlevée en le condamnant, comme vous le pouvez, à mille écus d’amende pour sa prévarication. Quelque parti que vous preniez, je ne doute pas, monsieur, que vous ne l’empêchiez d’imprimer cette lettre où monsieur le garde des sceaux et un de ses amis sont compromis.

M. Lenormand condamne bien fort le procédé du sieur Bayle, avocat, qui soutient Jore contre nous. Ce Bayle a avoué qu’il n’avait aucun titre pour intenter un procès, et qu’il ne voulait imprimer cette lettre et ce factum prétendu que pour intimider et tirer de l’argent.

Jore est allé trouver monsieur le garde des sceaux. Je crois qu’il en aura été reçu comme il le mérite. Il y a autant d’absurdité que de scélératesse dans la conduite de cet homme, et il est bien étrange que l’avocat Bayle veuille les partager. Enfin, monsieur, j’attends tout de votre équité et de votre protection.

Si vous parliez un peu au sieur Bayle, je suis persuadé qu’il n’oserait plus se mêler d’une affaire si odieuse, qui a été refusée par quatre avocats.

  1. Éditeur, Léouzon Leduc.
  2. Hérault.