Correspondance de Voltaire/1736/Lettre 603

Correspondance : année 1736GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 34 (p. 74-75).
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603. — À M. THIERIOT[1].
Ce vendredi… 1736.

Ma confiance et la bonté de mon cœur font souvent que je me fie à des fripons. Un homme de lettres aussi occupé que je le suis n´a pas le temps de prendre des précautions contre la perfidie et la mauvaise foi. Mais quand on me force enfin de m’appliquer à soutenir mes droits, on trouve alors un homme avec lequel il faut compter.

La Bauche[2] avait refusé tous les accommodements avantageux que lui avait proposés votre frère. Je l’ai fait condamner aux conseils, tout d’une voix ; elle m’a demandé pardon publiquement, et m’a payé, en présence des juges, un argent que je lui aurais abandonné si elle avait voulu entendre raison.

J’aurai la même justice de Jore ; et, comme il est plus fripon, j’aurai une justice plus sévère. Vous y êtes intéressé d’autant plus que vous vous trouvez compromis dans le seul titre qu’il prétende avoir contre moi, et qu’il abuse de votre nom. M. d’Argental m’a conseillé de pousser l’affaire. M. Rouillé approuve et protège ma fermeté. J’en ai écrit à monsieur le garde des sceaux ; je vous rends compte de toutes mes démarches. Mon amitié souffrirait si je faisais un pas qui vous fût caché.

Mes respects à Pollion[3].

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Les éditeurs ont lu Bauche. Mais nous croyons qu’il s’agit ici de l’éditeur d’Alzire et de Zaïre. Voyez la lettre à Berger du 5 avril, et celle à Thieriot du 16 mars. ( G. A.)
  3. La Popelinière.