Correspondance de Voltaire/1736/Lettre 585

Correspondance : année 1736GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 34 (p. 61-62).
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585. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[1].
À Cirey, ce…

Grand merci, mon cher correspondant. Faites faire d’abord deux bonnes copies, après quoi nous en ferons d’autres ; mais voici ce que je voudrais : que la première copie se fasse avec tout le savoir-faire et toute l´habileté de la copiste, afin qu’elle puisse servir d’original aux autres. Dès que cette première copie serait faite, je vous prierais de la faire examiner et retoucher par Latour. Cependant vous m’enverriez mon original bien encadré, bien empaqueté, et, sur cette première copie, vous me feriez faire une miniature pour porter en bague. Le plus tôt, mon cher abbé, en cette affaire, comme en tout, sera le mieux.

Faites partir la caisse sur-le-champ, je vous en supplie.

Ajoutez, à la Connaissance des tempsHistoire de l’astronomie par M. Cassini, qui se vend, je crois, chez le même libraire, et les tomes de l’Académie des sciences, années… et 1732, que vous devez, je crois, avoir. Si vous ne les avez pas, il faut les acheter. Ajoutez à la douzaine et demie de citrons une douzaine d’oranges. Prenez la bouteille de garu chez Geoffroy : c’est votre voisin. Cela doit être bon. Voilà, je crois, mon cher ami, toutes mes fantaisies. Faites-moi, je vous le demande en grâce, une réponse prompte sur tout cela.

Vous allez donc dans le royaume[2] de M. Oudry ? Je voudrais bien qu’un jour il voulût faire exécuter la Henriade en tapisserie : j’en achèterais une tenture. Il me semble que le temple de l’Amour, l’assassinat de Guise, celui d’Henri III par un moine, saint Louis montrant sa postérité à Henri IV, sont d’assez beaux sujets de dessin : il ne tiendrait qu’au pinceau d’Oudry d’immortaliser la Henriade. Il faut que vous fassiez encore cette affaire.

Adieu, mon cher ami.

  1. Édition Courtat.
  2. La manufacture de tapis de Beauvais.