Correspondance de Voltaire/1735/Lettre 492

Correspondance de Voltaire/1735
Correspondance : année 1735GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 33 (p. 507).
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492. — À M. LE CARDINAL ALBÉRONI.
Juillet.

Monseigneur, la lettre[1] dont Votre Éminence m’a honoré est un prix aussi flatteur de mes ouvrages que l’estime de l’Europe a dû vous l’être de vos actions. Vous ne me deviez aucun remerciement, monseigneur ; je n’ai été que l’organe du public en parlant de vous. La liberté et la vérité, qui ont toujours conduit ma plume, m’ont valu votre suffrage. Ces deux caractères doivent plaire à un génie tel que le vôtre. Quiconque ne les aime pas pourra bien être un homme puissant, mais ne sera jamais un grand homme.

Je voudrais être à portée d’admirer de plus près celui à qui j’ai rendu justice de si loin. Je ne me flatte pas d’avoir jamais le bonheur de voir Votre Éminence ; mais si Rome entend assez ses intérêts pour vouloir au moins rétablir les arts, le commerce, et les remettre en quelque splendeur dans un pays qui a été autrefois le maître de la plus belle partie du monde, j’espère alors que je vous écrirai sous un autre titre que sous celui de Votre Éminence, dont j’ai l’honneur d’être avec autant d’estime que de respect, etc.

  1. Voyez cette lettre, sous le No 463.