Correspondance de Voltaire/1735/Lettre 491

Correspondance de Voltaire/1735
Correspondance : année 1735GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 33 (p. 506-507).
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491. — À MADAME LA COMTESSE DE LA NEUVILLE.

Une santé à laquelle vous daignez vous intéresser, madame, ne peut pas être longtemps mauvaise. L’envie de vivre pour vous et pour vos amis est un excellent médecin. Je vous demande pardon, madame, de la témérité de Linant ; le zèle l’a emporté.

Il est difficile de taire
Ce qu’on sent au fond de son cœur ;
L’exprimer est une autre affaire.
Il ne faut point parler si l’on n’est sur de plaire ;
Souvent l’on est un fat, en montrant trop d’ardeur ;
Mais soupirer tout bas, serait-ce vous déplaire ?
Punissez-vous, ainsi qu’un téméraire,
L’amant discret, soumis dans son malheur,
Qui sait cacher sa flamme et sa douleur ?
Ah ! trop de gens vous mettraient en colère.

Voilà des vers aussi. Je serais trop jaloux si Linant était votre seul poëte. Toute votre famille est faite pour la société. Mme du Châtelet connaît tout le prix de la vôtre.

Bien des respects à M. de La Neuville, et quelque chose de plus à Mme de Champbonin.