Correspondance de Voltaire/1735/Lettre 457

Correspondance de Voltaire/1735
Correspondance : année 1735GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 33 (p. 472-473).
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457. — Á MADAME LA COMTESSE DE LA NEUVILLE.
Janvier 1735.

Quoi ! femme respectable, même heureuse, amie charmante, amie généreuse, la première lettre que vous écrivez est pour moi ! Vous savez bien, madame, tout le plaisir que vous me faites. Il n’y en a qu’un plus grand, c’est celui de vous faire ma cour. Je ferai certainement de mon mieux pour aller rendre mes respects à la belle accouchée, au père, et au joli enfant. L’Hirondelle[1] est bien malade, et je crains furieusement le froid des églises ; mais il n’y a cheval que je ne crève, et rhume que je n’affronte, pour aller à la Neuville.

Mme du Châtelet est partie, et a laissé son architecte à Cirey. Il est étonné d’avoir sur les bras un détail fort embarrassant, et qui me déplairait bien fort si ce n’était pas un plaisir extrême de travailler pour ses amis. Mme du Châtelet m’a ordonné bien expressément, madame, de vous dire combien vous lui rendez le séjour de la campagne agréable. Je me flatte qu’un voisinage tel que le vôtre lui fera prendre goût pour la retraite de Cirey. Ce château-ci va un peu incommoder les affaires du baron[2] et de la baronne. Les dépenses de la guerre ne les raccommoderont pas, et ils seront forcés, je crois, de venir vivre en grands seigneurs à Cirey. Je vous jure, madame, que tout mon objet est de passer ma vie entre eux et votre société ; et je commence à l’espérer.

  1. Nom d’un cheval de Mme du Châtelet ; il en est question dans une des lettres suivantes.
  2. Le marquis du Châtelet-Lomont avait aussi le titre de baron, et il était seigneur de Cirey-sur-Blaise. ( Cl.)