Correspondance de Voltaire/1734/Lettre 388

Correspondance de Voltaire/1734
Correspondance : année 1734GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 33 (p. 406).
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388. — Á MADAME LA DUCHESSE D’AIGUILLON[1].
1734.

On m’a dit, madame, que Minerve, descendue sur la terre sous les traits de Vénus et sous le nom d’Aiguillon, avait daigné honorer de ses regards et de sa protection cette Adélaïde[2] tant contredite : j’ose demander à votre divinité les mêmes faveurs pour Charles XII et pour Henri IV, que je prends la liberté de vous envoyer.

Deux héros différents, l’un superbe et sauvage,
L’autre toujours aimable, et toujours amoureux,
À l’immortalité prétendent tous les deux ;
Mais, pour être immortel, il faut votre suffrage.
Ah ! si sous tous les deux vous eussiez vu le jour,
Plus justement leur gloire eût été célébrée ;
Henri Quatre pour vous aurait quitté d’Estrée,
Et Charles Douze aurait connu l’amour.

  1. Anne-Charlotte de Crussol-Florensac, mariée en 1718 à Annand-Louis Duplessis-Vignerod-Richelieu, duc d’Aiguillon, cousin du duc (depuis maréchal) de Richelieu, est citée avec son surnom de sœur-du-pot des philosophes dans la lettre du 27 février 1755 à Thieriot. Devenue veuve en 1750, elle mourut quelques années avant Voltaire. (Cl.)
  2. Adélaïde du Guesclin ; voyez tome III, page 73.