Correspondance de Voltaire/1728/Lettre 179

Correspondance de Voltaire/1728
Correspondance : année 1728GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 33 (p. 180-181).
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179. — À M. ***[1]

À Wandsworth, 11/22 juillet.

Monsieur, j’ai reçu votre obligeante lettre, et peu de jours après Mme la comtesse de La Lippe m’a remis la médaille dont Sa Majesté[2] a bien voulu m’honorer. Je la garderai toute ma vie bien précieusement, puisqu’elle me vient d’une si grande reine, et qu’elle représente la reine d’Angleterre, laquelle, par ses vertus et ses grandes qualités, fait aisément songer à la reine de Prusse.

Je vous supplie, monsieur, de vouloir bien présenter à Sa Majesté mes très-humbles remerciements. Je suis honteux d’être si peu digne de ses bontés. Je voudrais pouvoir un jour avoir l’honneur de lui faire ma cour ; il me semble que mes ouvrages en vaudraient mieux si j’avais de pareils modèles à peindre.

Je prends la liberté, monsieur, de vous envoyer dans ce paquet, que j’adresse à M. Ostemback, résident de Prusse à Londres, un exemplaire d’une des éditions qu’on a faites à Londres de la Henriade. Elles sont toutes très-incorrectes ; je vous demande pardon pour les fautes de l’imprimeur et pour celles de l’auteur. Je n’ai aucun exemplaire de la grande édition in-4o ; sans cela je ne manquerais pas d’avoir l’honneur de vous l’envoyer.

Rien ne me flatte plus que votre approbation. La récompense la plus noble de mon travail est de trouver grâce devant des reines comme la vôtre, et d’être estimé de lecteurs comme vous : car en fait de goût et de sciences, il ne faut point mettre de différence entre les têtes couronnées et les particuliers. Je suis avec respect, etc.

Voltaire.

  1. Peut-être à milord Hervey. — Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Caroline, femme de George IV, à qui la Henriade est dédiée.