Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 8-9/1670

Louis Conard (Volume 8p. 39-40).

1670. À M***.
Paris, lundi matin [21 mai 1877].

Je te remercie bien, mon cher ami, pour la promptitude de ta réponse.

Je devais partir de Paris dimanche soir, mais comme je tiens à t’y voir, je recule mon départ jusqu’à mercredi. Dès ton arrivée, donne-moi rendez-vous et je me transporte à ton domicile illico.

Oui ! ils vont bien, les misérables ! Les folichonneries de notre Bayard moderne[1] nuisent à tous les commerces ! celui de la littérature entre autres. La Librairie Charpentier, qui vend ordinairement 300 volumes par jour, en a vendu samedi dernier 5 ! — Quant à mon pauvre bouquin, il est complètement rasé. Je n’ai plus qu’à me frotter le ventre !

Le délabrement des affaires publiques s’ajoute à la tristesse de mes affaires privées. Tout est noir dans mon horizon. Je n’ai d’éclaircie que de ton côté et je compte sur toi en te serrant la main fortement.

Ton.


  1. Le maréchal de Mac-Mahon avait adressé à Jules Simon, président du Conseil, une lettre désavouant sa politique républicaine. Le gouvernement conservateur du 16 mai, sortit de cette crise politique.