Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 8-9/1669

Louis Conard (Volume 8p. 38-39).

1669. À LÉON CLADEL.
Mercredi 11 heures, 9 mai 1877.
Mon cher Cladel,

J’ai commencé votre bouquin hier à 11 heures, il était lu, ce matin, à 9 ! et d’abord il faut que Dentu soit fou pour avoir peur de le publier. Rien n’y est répréhensible soit comme politique, soit comme morale ; ce qu’il vous a dit est un prétexte. Quant à Charpentier (auquel je montrerai vos feuilles vendredi, jour où je dîne chez lui) je vais lui chauffer le coco violemment et en toute conscience, sans exagération et sans menterie, car je trouve votre livre un vrai livre. C’est très bien fait, très soigné, très mâle et je m’y connais, mon bon !

J’ai deux ou trois petites critiques à vous faire (des niaiseries) ou plutôt des avis à vous soumettre : ainsi le mot « pécaïre » me paraît trop souvent répété. Des fois, il y a des prétentions à l’archaïsme et à la naïveté. C’est l’excès du bien. Mais, encore une fois, soyez content et dormez sur vos deux oreilles ; ou plutôt ne dormez pas, et faites souvent des œuvres pareilles.

La fin est simplement sublime et du plus grand effet.

Tout à vous.

Si j’avais le temps, je vous en écrirais plus long.

Je quitte Paris à la fin de la semaine prochaine.