Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 8-9/1633

Louis Conard (Volume 8p. 1-2).

1633. À ÉMILE ZOLA.
[Croisset] vendredi soir [5 janvier 1877].

Votre lettre m’a fait grand plaisir, mon cher ami, et il me tarde, comme à vous, de nous voir.

Ce sera de dimanche prochain en quatre semaines. Je compte partir d’ici le 3 février. Hélas ! je n’arriverai point avec Hérodias terminée. Je n’en serai qu’à la fin de la seconde partie, mais la troisième sera fortement esquissée. Je travaille beaucoup et n’avance guère. D’ailleurs je n’y vois plus goutte. Quant à la santé, elle est splendide.

Et la vôtre ? Vous ne me parlez pas de votre cœur !

Quand sera-t-elle jouée, votre farce pour le Palais-Royal[1] ? Je vous assure que j’y serai beau comme énergumène.

Ne m’envoyez pas votre Assommoir, ça me perdrait. Je serais dessus trois jours, et mon départ en serait retardé.

Je crève d’envie de le lire, et je vous assure que ma résolution est héroïque.

Mais remettez-le chez mon portier le 1er  ou le 2 février.

Ce que j’ai souffert de n’avoir personne près de moi pour deviser de cet excellent Germiny est inimaginable. C’est dans ces moments là qu’on sent le besoin d’un ami ! Quelle histoire ! Moi, ça me fait croire à Dieu ! On devrait à cet homme-là une récompense nationale, tout amuseur étant un bienfaiteur !

Adieu, ou plutôt à bientôt. Amitiés aux camarades et tout à vous.

Mettez-moi de côté les bêtises qui seront dites sur l’Assommoir.


  1. Le Bouton de Rose.