Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 7/1485

Louis Conard (Volume 7p. 187-188).

1485. À SA NIÈCE CAROLINE.
[Croisset]. Dimanche, 4 heures, 16 août 1874.

Quel beau temps ! ma chérie. Quel calme autour de moi, et quelle solitude ! Il faut être parfois robuste pour l’endurer. Mais enfin aucun bourgeois ne m’embête par ses discours ou le spectacle de sa personne ! C’est l’important. N’importe ! il y a des moments où le cœur s’ennuie.

Bouvard et Pécuchet continuent leur petit chemin. J’espère avoir fini le premier mouvement du premier chapitre dans quatre ou cinq jours ; ce sera toujours cela de fait ! Mais la mise en train est bien difficile…

Le bon Laporte est venu avant-hier m’inviter pour jeudi prochain à déjeuner ou à dîner. Cette question n’est pas encore réglée.

Julio s’est uni morganatiquement à une jeune personne de la maison Davy, répondant au nom de Gilda. Je n’ai pas assisté au mariage. Voilà toutes les nouvelles de céans.

Je suis bien aise que Laure le Poittevin[1] t’ait bien reçue. Je regrette de ne pas la voir plus souvent pour causer ensemble de bien des choses et des gens dont nous seuls nous souvenons.

As-tu au moins brillé dans ta conversation sérieuse avec M. Franck ? […].

Écris souvent de bonnes petites lettres à ce

pauvre vieux qui t’aime.

  1. Mme Gustave de Maupassant, mère de Guy.