Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 7/1486

Louis Conard (Volume 7p. 188-189).

1486. À SA NIÈCE CAROLINE.
Croisset, [août 1874].

Sur le bateau de La Bouille où je suis revenu de Rouen avec Bataille, j’ai vu une binette gigantesque : celle de Lainé, l’associé de Pécuchet (pas le mien). Du reste, je suis rentré, broyé d’ennui par le spectacle de l’éluite ! Aller à Rouen est dur !

Julie y verra de ses deux yeux, à ce que m’a prétendu l’interne d’Achille. Elle en a un qui est toujours enflammé. C’est pourquoi on la garde à l’Hôtel-Dieu, où elle paraît s’affaiblir, bien qu’elle ne soit pas malade.

Je ne suis pas gai ! mais pas du tout ! Je regrette plus que jamais (sans compter les autres) mon pauvre Bouilhet, dont je sens le besoin à chaque syllabe de Bouvard et Pécuchet. Ce livre est diabolique ! J’ai peur d’avoir la cervelle épuisée ; c’est peut-être que je suis trop plein de mon sujet et que la bêtise de mes deux bonshommes m’envahit.

J’ai pensé beaucoup à toi aujourd’hui, pauvre chat. Tu es au milieu de gens qui te plaisent. Tu t’amuses et probablement tu ris ! Moi, je tire sur ma cervelle pour faire venir des idées qui ont du mal à venir. Il pleut, et de loin je t’embrasse.

Vieux.

J’attends une description narrative, ou narration descriptive, du voyage d’Étretat.