Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 7/1484

Louis Conard (Volume 7p. 186-187).

1484. À LA PRINCESSE MATHILDE.
Vendredi matin, août [1874].

Comme il y a longtemps que je n’ai eu de vos nouvelles, chère Princesse ! Je n’en avais aucune à vous donner de moi, qui fussent bien intéressantes. Depuis un mois j’essaie de commencer un grand livre qui me donne un mal affreux ! et les soucis de l’Art, joints au vide de la solitude, ne me rendent pas précisément très gai.

L’évasion de Bazaine m’a paru un événement assez drôle. Quelle suite aura-t-il ? Je n’imagine rien de bon de notre avenir.

Je n’ai pu voir à Dieppe le Prince Napoléon. Il venait d’en partir, avec sa dame de compagnie, qui a été un sujet d’épatement pour les bourgeoises de la localité.

Comment allez-vous ? Vous seriez bien bonne de m’envoyer un peu de votre inqualifiable et chère écriture. Très prochainement du reste, j’irai peut-être un soir vous demander à dîner, car il faudra que j’aille bientôt à Paris pour mes affaires théâtrales. Je serai payé du dérangement par le plaisir de vous voir.

En vous baisant les deux mains, Princesse, je suis votre vieux dévoué.